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9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 18:55

C'est la première fois que j'écris ici. Je me demande si le texte, puisqu'écrit ici, conviendra mieux à la police ronde d'overblog.

 

Je repensais à Oriane, qui explique dans son épisode de L'heure du thé qu'elle transpose immédiatement les poèmes qu'elle écrit dans son carnet, sur le web : le rythme visuel y devient palpable, là où les irrégularités de la graphie manuscrite voilent le poème réel.

 

Je suis sensible à cela ; mais pour moi qui ai délaissé depuis longtemps les carnets, les cahiers, et même les feuilles volantes, la question est légèrement différente. Ce sont les polices, les couleurs de fond, la forme des encarts de publication du web qui me laissent, dans la gorge, un goût d'amertume.

Je n'ai jamais osé dire, par exemple, que mes poèmes me semblaient laids, même vains, sur overblog, là où postés sur le Forum, je pensais leur rythme visuel achevé. La musique, au moment de lecture, s'estompait ; j'avais du sable dans la gorge, du sable entre les doigts.

 

À chaque fois que j'ouvre le document appelé Journal sentimental sur le bureau de mon ordinateur, je suis surprise par le titre interne, Accoucher les monstres. Cette discordance discrète – titre interne / titre du document – est le reflet exact de la manière dont ce texte, pardon, ce livre, peine à trouver, d'une couche diégétique à l'autre, sa cohérence. 

 

C'est qu'il s'y promène des morceaux de fiction pure – le Forum et les pseudonymes fictifs –, un journal de mes sentiments, et d'autres choses, plus neutres. Et les poèmes. Qui saura ce qu'est la poésie, dans ce foutoir de livre ?

 

Et d'abord, quelle est la chose qui viendra lier entre elles toutes ces couches diégétiques ? quel récit... je dois avouer qu'il m'en est venu un, cette nuit. Mais j'ai peur, en racontant cette histoire, et pire, en la transformant pour les besoins du texte, d'agir en charognard. Il faudra que j'explique à l'ami que je veux piller le souvenir de la conversation que nous avons eue, une journée entière de janvier 2020.

 

*

 

Je ne veux pas tomber dans le piège qui consiste à confondre un document texte, sur un bureau d'ordinateur, avec un livre. Pourtant, le piège est bien tendu : des pages, de l'encre noire ; ce sont les feuillets d'un livre qu'on aimerait voir imprimé.

 

Jamais je n'ai eu la tentation de confondre mes poèmes, mes textes avec un livre : je les écrivais dans l'encadré rectangulaire du forum, disposés à côté du panneau des émoticones. C'était un espace sacré, à sa manière, mais qui n'avait rien de livresque.

 

Je ne veux pas disqualifier les espaces rectangulaires du Forum ou d'overblog : je l'ai dit, pour moi, ils accumulent de nombreuses strates de souvenirs : joie, espérance, anxiété, frénésie d'écriture, parfois même des larmes. Ils sont sacrés.

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